ESTRIE

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ESTRIE

Après la guerre de Conquête, les territoires environnant les seigneuries françaises riveraines du Saint-Laurent furent subdivisés en townships , ou cantons, par une administration soucieuse d’attirer au Canada des colons britanniques. Le seul parmi ces territoires à avoir connu une véritable colonisation britannique fut celui des Cantons-de-l’Est (Estrie), qui fut aussi le seul à s’industrialiser, dès la seconde moitié du XIX^e siècle, et le seul qui se soit donné une organisation urbaine relativement cohérente.

Les Cantons-de-l’Est sont l’une des régions du Québec dont la personnalité est le mieux marquée. À cette région typiquement québécoise par sa population, aujourd’hui francophone, et par son économie, le toponyme «Estrie», plutôt que celui de «Cantons-de-l’Est», est de préférence employé, désignant à la fois l’unité de colonisation et de mise en valeur agricole formée par l’ensemble des cantons situés entre la frontière américaine, les seigneuries laurentiennes et le territoire, plus restreint, où dominent, dans l’orbe de la ville de Sherbrooke, l’activité industrielle et la vie d’échanges.

Dans cette contrée, relativement méridionale, faite de piémonts et de plateaux, l’économie agricole n’a pas seulement bénéficié de conditions naturelles favorables, elle a aussi moins souffert des inconvénients de l’enracinement paysan.

Mais, dans le développement de l’Estrie, le rôle principal revient à l’activité industrielle, caractérisée davantage par l’implantation ancienne d’industries textiles que par l’exploitation déclinante, pour des raisons écologiques, de gisements d’amiante, qui comptent peu dans l’économie régionale. En effet, sitôt reliée au réseau ferroviaire canadien et américain, dont la première grande ligne atteint Sherbrooke en 1852, l’Estrie s’industrialise. Dans le piémont et les vallées méridionales, la conjonction de la voie ferrée, de chutes d’eau et d’une abondante main-d’œuvre locale a suscité l’apparition de l’industrie des textiles et de la confection, et aussi celle de la transformation du bois, qui bénéficie des ressources de la forêt appalachienne.

Ces activités, auxquelles viennent s’ajouter au cours du XX^e siècle le travail des métaux et les industries alimentaires, occupent, depuis la Seconde Guerre mondiale, plus de travailleurs que l’agriculture; elles sont le moteur principal de l’économie régionale, et c’est sur elles que repose l’avenir de l’Estrie.

Agriculture et industrie manufacturière ont assuré, depuis la fin du XIX^e siècle, une croissance soutenue à la région des Cantons-de-l’Est. Cependant, l’expansion démographique ralentit au XX^e siècle, et singulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale. L’avenir de la région dépend, dans une large mesure, des équipements des villes estriennes et des aptitudes régionales à réaliser la mise en valeur touristique de l’un des paysages les plus beaux du Québec. Mais, plus encore, apparaît significatif le rôle de Sherbrooke (72 000 hab. en 1984), qui polarise tout le sud des Cantons-de-l’Est. Dotée d’une université depuis 1954 et possédant une gamme d’activités industrielles particulièrement variées (textiles, mécaniques, papetières, chimiques), Sherbrooke exerce, à maints égards, les fonctions de métropole régionale.

Estrie ou Cantons de l'Est

région du Québec, à l'E. de la rég. admin. Montérégie et limitrophe des États-Unis; 10 122 km²; 280 000 hab.

Encyclopédie Universelle. 2012.